Je ne pensais pas être prêt à mettre trente balles par mois dans un client mail. Sincèrement. J’ai beau être passionné par les outils de productivité, il y a des limites.
Je ne peux pourtant plus me passer de Superhuman, un client mail extraordinaire. J’estime même que ces 29 $ mensuels ne sont pas énormes, en comparaison des heures qu’ils me font gagner.
Tu connais le videur ?
Obtenir un accès à Superhuman est une expérience très particulière. Ça m’a pris 2 ans pour y arriver. Je me suis inscrit pour la première fois sur leur landing page en 2016, quelques mois après le lancement du projet. À l’époque, je n’avais pas de grosse frustration avec mon client mail (Google Inbox, que j’utilisais à travers une appli macOS qui s’appelait Boxy), même si sa lenteur (et sa relative stagnation depuis 2014) commençait à m’agacer. Sans refaire toute mon histoire personnelle avec les clients mail, je regrettais toujours le merveilleux Mailbox — mon client mail favori avant que Dropbox ne lui règle son compte.
Les tweets qu’on trouvait sur Superhuman étant particulièrement élogieux, ça m’avait donné envie d’essayer. Alors j’ai sagement attendu mon invitation. « Comme tout le monde », puisque le produit a vite eu un gros pic de popularité au moment de son apparition sur ProductHunt.
Au bout de 6 mois sans nouvelles, j’ai vaguement relancé leur équipe pour savoir si j’allais recevoir un jour une invitation (histoire d’arrêter d’espérer dans le vent), sans jamais avoir de réponse. Entre-temps, j’en ai eu marre de la lenteur d’Inbox et je suis passé sur Astro, dont j’étais plutôt content.
Été 2018 : l’actualité vient alimenter le running gag des « clients mail cools qui se font dégager ». Coup sur coup, nous avons droit à :
- Newton Mail qui s’arrête ;
- Google qui annonce la fin d’Inbox sous quelques mois ;
- Astro qui se fait racheter par Slack, annonçant la mort du produit sous quelques semaines (!). (Ce qui m’a rappelé ce petit tweet marrant, au passage.)
Bon. Retour à la case Gmail. Maintenant qu’ils ont importé le snooze d’Inbox, ce n’est pas si terrible, après tout. Pas trop convaincu par le design de Spark (qui n’avait de toute façon pas d’app Android à l’époque), je me remets même à utiliser ce bon vieux Mailplane, parce que j’aime bien avoir une app desktop pour gérer mes e-mails (la puissance du ⌘⇥, tout ça). Les types derrière Boxy se mettent aussi à faire de nouvelles choses.
Par contre, les invitations à Superhuman ressemblent toujours à une sorte de Graal inaccessible. En dessous de chaque tweet dithyrambique des quelques privilégiés ayant déjà un accès, il y a 20 crevards dans mon genre qui viennent demander des invitations. ET PERSONNE NE RÉPOND JAMAIS. C’est à se demander s’il n’y a pas des instructions très strictes pour limiter autant que possible les accès. Sans connaître le contexte, ça ressemblerait presque à une arnaque. Pourquoi ne veulent-ils pas prendre mon argent ? Superhuman existe-t-il pour de vrai ? Des invitations ont-elles vraiment déjà été distribuées ?!
L’invitation tant attendue
Après presque 2 ans, je finis par réussir à me faire inviter sur Superhuman (encore merci, Jean 🙏). Je me dis que j’y suis presque. On commence par bien me rappeler que ça va me coûter 29 $ par mois (sans aucune période de test). Je ne suis toujours pas convaincu que je suis prêt à les mettre, mais rien à foutre ; maintenant que j’en suis là, ça fait beaucoup trop longtemps que j’attends : JE VEUX MON ACCÈS.
L’étape suivante consiste à remplir un Typeform assez détaillé (10 bonnes minutes à remplir, dans mes souvenirs), qui leur permet de cerner de manière précise la façon dont vous gérez vos e-mails. Le temps que vous y passez, les outils et systèmes que vous utilisez, les fonctionnalités dont vous avez impérativement besoin, etc.
À ce moment-là, il se trouve que je travaillais principalement sur un Mac mini ; c’est donc ce que j’ai répondu dans le questionnaire. Grosse erreur. Car elle me catapulte dans la mauvaise case :
It looks like we’ve got some more work to do before Superhuman is ready for you. Given our limited resources, we’ve had to make some tough platform choices. For example, we started by supporting MacBooks first so that we can deliver on providing you the fastest email experience ever made.
Toute cette attente pour me faire refouler au dernier moment parce que j’ai dit que j’utilisais un Mac mini ? Mais ça change quoi d’être sur un Mac mini plutôt que sur un MacBook, tant que macOS est à jour ?!
Tristesse absolue. Je réponds au message en exprimant mon désarroi — d’autant que je possède vraiment un MacBook, ce n’était juste pas ma machine principale à ce moment-là. Pas de réponse. 🙁
Le lendemain, je décide donc de remplir à nouveau le Typeform, comme si de rien n’était, en mettant cette fois-ci que j’utilise un MacBook. Le message que je reçois est un peu moins négatif, mais ce n’est pas encore gagné :
Quick check –– we don’t have an Android app right now because we’re focusing on perfecting our iOS experience first 🙂I’m happy to get you set up on Superhuman if having Android support isn’t too important to you. Otherwise, I can shoot you a note when we’ve expanded mobile support to Android?
Ce à quoi je réponds que le traitement de mes e-mails se fait à 95 % sur ordinateur, donc pas de souci. J’espère surtout ne pas me faire refouler à cause d’Android. 🤞 (Micro-aparté : la vie d’utilisateur macOS + Android n’est pas toujours facile, ça me coupait d’ailleurs de bonnes solutions comme Airmail.)
Après deux autres allers-retours d’e-mails (!) me questionnant à propos de mon utilisation de certaines fonctionnalités, j’ai l’impression que je passe à l’étape suivante (on se croirait vraiment dans un processus de recrutement chez Google) :
Amazing! Let’s do this. I’d love to invite you to reserve a 30 min VIP consultation with one of us. We’ll meet you over screen share, personalize your setup, and help you become as productive as possible 🙂 You’ll be asked to add a card, which will hold your space at the top of our queue. You will not be charged for your VIP membership ($29/mo) until you’re flying through your inbox 🚀 Would you please reserve your time here?
WTF. Non mais les gars, vous vous êtes pris pour Salesforce ?! On se croirait dans un scénario commercial de vente SaaS B2B grand compte. Après tout ce que je viens d’endurer, je dois maintenant me taper un appel d’onboarding pour avoir enfin le droit d’utiliser un client mail qui me coûtera trente balles par mois et qui n’est même pas dispo sur Android ? Incroyable. Je sens néanmoins que je suis près du but. Cet appel semble bien s’apparenter au boss final.
Je paye donc mes 29 premiers dollars et réserve un créneau dans leur Calendly. Forcément, avec le décalage horaire, ça tombe un vendredi soir à 23:30, mais je ne suis plus à ça près. Je vais l’avoir, mon accès à Superhuman.
« Voilà ! Tu viens de passer devant une file d’attente de 80 000 personnes. »
Ce fut littéralement la phrase prononcée par la personne en charge de ma « Superhuman VIP Consultation », au moment où elle m’a ENFIN donné accès. L’échange se passe bien, elle me montre les fonctionnalités de base et nous discutons de ma grande passion dans la vie : traiter efficacement mes e-mails.
Au bout de quelques minutes d’entretien, tout commence à s’éclairer dans ma tête. Je comprends enfin pourquoi l’accès à Superhuman est aussi infernal. Et je saisis surtout que c’est très malin de leur part de procéder de la sorte. J’y reviendrai plus tard.
En tout cas, ça y est : j’ai battu le boss final. Le Graal est entre mes mains, j’ai enfin accès à « the fastest email experience ever made ». Je vais maintenant pouvoir vous expliquer pourquoi ce slogan n’est absolument pas usurpé, et pourquoi je suis trop content de lâcher trente balles par mois pour utiliser ça.
Les années passant, il semblerait que l’accès à Superhuman ne soit plus aussi compliqué qu’avant. Le processus d’onboarding humain est toujours là, mais l’accès au produit ne semble plus aussi sélectif qu’avant — si on fait abstraction du prix. 😅 On dirait qu’ils ont un peu ouvert les vannes. Du moins, plus qu’à l’époque où j’ai obtenu mon accès (fin 2018).
Never use your mouse again
Ceux qui me connaissent savent à quel point Alfred a pu changer ma vie.
Superhuman, c’est un peu le Alfred des e-mails. Tout est pensé pour ne JAMAIS utiliser sa souris ou son trackpad. On comprend vite à quel point c’est profondément ancré dans l’ADN du logiciel, ne serait-ce qu’en observant les infobulles qui s’affichent au survol de chaque bouton de l’app.
Dans la pratique, Superhuman t’insulte à chaque fois que tu fais « manuellement » une action qu’il était possible de faire avec un raccourci clavier.
On ne dirait pas comme ça, mais c’est une méthode plutôt efficace pour vous forcer à utiliser des raccourcis clavier. Car il faut bien avouer que même s’il est difficile de ne pas être convaincu par l’efficacité des raccourcis clavier, ils sont rarement un réflexe naturel — y compris pour beaucoup d’utilisateurs avertis.
Pour la plupart des actions que vous faites au quotidien sur un ordinateur, le clavier est pourtant sensiblement plus rapide que la souris. Beaucoup de gens le savent, mais très peu l’appliquent rigoureusement. Moi-même, je dois bien avouer que je ne pratiquais que trop peu les raccourcis clavier sur Gmail. Ça m’arrivait très régulièrement, mais ça n’était pas systématique.
Depuis que Superhuman me remonte les bretelles (à grands coups de démonstrations imparables du type « tu vois, tu as perdu du temps là ! ») au moindre faux pas, j’ai fini par m’y mettre. Au bout d’un moment, on arrête les conneries et on se met à utiliser les raccourcis clavier pour de bon — de manière systématique. Une fois que c’est entré dans votre mémoire musculaire, vous ne pourrez plus jamais revenir en arrière. Chaque déplacement de souris vous apparaîtra comme une régression par rapport à un raccourci clavier. On arrive vite à se demander comment on faisait avant. Ce n’est pourtant que depuis que j’utilise Superhuman que je me suis rendu compte de tout ce temps que je perdais auparavant.
L’onboarding progressif (qui se déroule évidemment sous forme… d’e-mails, parfaitement distillés au cours des premiers jours d’utilisation) se termine même par un sublime jeu vidéo, qui vous apprend à devenir un ninja des raccourcis clavier couramment utilisés dans Superhuman. Épatant.
Une fois qu’on s’est habitué et que la mémoire musculaire est bien en place, on finit par traiter ses e-mails à la vitesse de la lumière. Superhuman a été pensé pour simplifier la vie de types qui reçoivent des milliers d’e-mails par jour. Le genre de personnes qui réfléchissent à la définition de leur 358e filtre Gmail pour espérer survivre parmi la jungle qu’est devenue leur boîte de réception, et maintenir leur attention sur ce qui est important.
SuperFonctionnalités
Comme souvent sur ce site, je vais prendre un angle purement fonctionnel pour vous parler de façon très pragmatique de ce que j’aime en tant qu’utilisateur — et un peu amoureux, j’avoue — du produit.
Au premier abord, Superhuman est visuellement très simple — presque trop. L’interface est dépouillée à l’extrême, pour ne laisser apparaître que ce qui est fondamentalement utile.
(Toutes proportions gardées, je me souviens que c’est un des reproches que nous faisaient certaines personnes au début de Capitaine Train — avant de se rendre compte que la vitesse de réservation était bien plus importante que les couleurs un peu tristounettes de l’app.)
SuperCommand
L’élément central dans l’utilisation du produit est une barre de recherche (« Superhuman Command ») qui se déclenche avec ⌘K, à l’instar du commutateur de Slack. On peut voir ça comme une sorte d’Alfred intégré à Superhuman, pour chercher et déclencher des actions très rapidement.
C’est la manière principale de naviguer dans l’app, quand on ne connaît pas encore par cœur tous les raccourcis clavier. C’est même la seule façon d’accéder à certains menus, comme la mise à jour de ses coordonnées bancaires (je vous ai déjà dit que ça coûtait trente dollars par mois ?).
SuperSnooze
La fonction « snooze » m’est essentielle pour traiter mes e-mails efficacement. C’est une pierre angulaire de la méthodologie Inbox Zero. Elle a été popularisée par Mailbox, et reprise par tous les clients mail sérieux par la suite.
Pour ceux qui ne connaissent pas, le snooze consiste à faire disparaître un e-mail de votre boîte de réception jusqu’à un moment plus opportun (où vous aurez du temps pour vous en occuper) que vous définissez vous-même. Ainsi, vous n’encombrez pas votre esprit avec des tâches que vous ne pourrez pas traiter tout de suite. Sur Gmail (qui l’a importé d’Inbox en 2018), ça donne ça :
L’approche « keyboard-first » — ou presque keyboard-only 😅 — de Superhuman rend le snooze (raccourci : H
) infiniment plus efficace que celui de Gmail, et tous les autres clients que j’ai pu tester. Jugez-en par vous-même :
Pour peu que vous ayez un niveau d’anglais élémentaire, vous pourrez faire le ménage dans votre boîte de réception bien plus vite qu’auparavant. La planification devient incroyablement aisée, puisque toutes les commandes « naturelles » fonctionnent :
- in
x
minutes ; - in
x
hours ; - in
x
days ; - in
x
weeks ; - in
x
years ; - tomorrow at
11:20
; - this weekend ;
- next week ;
- next month ;
- next year ;
wednesday
at19
(qu’il traduit en7 pm
comme un grand 💙) ;- next
friday
; 23
January
;- etc.
Et à chaque fois, l’autocomplétion est merveilleuse. Il est rarement nécessaire de taper les termes en entier pour arriver à ses fins. C’est tellement agréable à utiliser qu’on se demande comment le faire avec une souris a pu être satisfaisant par le passé.
SuperSelection
Même la sélection multiple peut se faire au clavier dans Superhuman. Il suffit d’appuyer sur x
quand on est positionné sur l’e-mail en question. De quoi faire des actions de groupe toujours plus rapidement.
Surtout quand on a pris le réflexe des raccourcis clavier, que Superhuman ne manque pas de nous rappeler gentiment, une fois de plus :
SuperSplit
Vous connaissez sans doute les onglets proposés par Gmail :
L’idée étant de séparer les e-mails personnels des e-mails automatiques (notifications, newsletters, etc.). Superhuman permet d’aller beaucoup plus loin en personnalisant ces colonnes, à l’aide de la commande « Split Inbox ».
Typiquement, vous allez pouvoir créer un onglet consacré à certains types de notifications (au hasard, Google Docs), ou à certains expéditeurs privilégiés que vous souhaitez isoler du reste de vos e-mails.
Ma classification personnelle par onglets est relativement simple, et proche des options proposées par Gmail :
Important
, pour toutes les conversations « humaines » ;News
, pour les rares newsletters auxquelles je suis abonné (mais toujours plus nombreuses qu’on ne le pense…) ;Other
, pour les e‑mails transactionnels et les notifications en tous genres.
Il m’arrive toutefois de créer des onglets spécifiques, lorsque je ne veux regrouper certains e-mails. Histoire qu’ils ne soient pas mélangés avec les messages qui méritent davantage d’attention. L’avantage de ces splits est qu’ils sont rapides à mettre en place, et facilement réversibles. C’est plus flexible que les « tris intelligents » qu’on trouve parfois dans les clients mail.
Pour les personnes qui reçoivent énormément d’e-mails, c’est une des fonctionnalités les plus utiles de Superhuman. Elle permet de les trier de façon beaucoup plus efficace. Au lieu de vous faire polluer l’esprit par des e-mails anodins, ce tri automatique permet de vous concentrer sur ceux qui sont importants.
SuperUnsubscribe
En parlant de newsletters dont vous devriez vous désabonner, Superhuman permet évidemment de le faire en un raccourci clavier (⌘U) . Ou à défaut, en passant par ⌘K.
Ça évite de se prendre la tête sur les formulaires à rallonge des sites qui privilégient leurs intérêts plutôt que ceux de leurs clients. Tant pis pour eux.
SuperSnippets
Si vous me connaissez un peu, j’ai déjà dû vous bassiner avec mes snippets, l’une des fonctionnalités les plus utiles de l’incontournable Alfred. Si vous ne savez pas ce qu’est l’expansion de texte, il y a une séance de rattrapage au milieu de cet article.
Superhuman a intégré un moteur de snippets directement dans l’application, ce qui permet d’envoyer des textes pré-écrits (phrases, paragraphes, e-mails entiers — c’est vous qui choisissez) toujours plus vite.
Ça fait partie des rares fonctionnalités de Superhuman que je n’utilise pas du tout, ne voyant pas d’intérêt particulier par rapport à mes snippets Alfred que je cultive depuis bien plus longtemps. Il faudrait d’ailleurs que je fasse un article entier sur l’expansion de texte, à l’occasion.
Il est néanmoins possible que je m’y mette, au moins pour certains cas de figure où les snippets de Superhuman permettent des choses plus élaborées que ceux d’Alfred, comme l’ajout de personnes en copie (en plus du texte lui-même).
En tout cas, c’est remarquable d’avoir embarqué cette fonctionnalité dans l’application, car le cas d’usage est limpide. La gestion de mes e-mails fait certainement partie des tâches au sein desquelles j’utilise le plus souvent mes snippets. Et beaucoup trop de gens n’ont pas encore compris le temps que ça pourrait leur faire gagner.
SuperSidebar
Vous avez sans doute pu l’apercevoir dans mes captures d’écran : la barre latérale (droite) de Superhuman. À l’image de ce qu’on pourrait trouver dans un bon outil de service client comme Help Scout, cette barre latérale fourmille d’informations utiles sur votre interlocuteur.
On y trouve sa localisation, sa bio Twitter, ses derniers tweets, ses différents profils sociaux identifiés, et surtout des liens vers les conversations précédentes.
Mieux encore, tous les liens de cette barre latérale sont savamment mis à disposition pour vous rendre service : tous sont cliquables (y compris la partie « nom de domaine » de l’adresse mail, pratique pour visiter le site de vos destinataires), et il y a même des boutons pour copier le nom ou l’e-mail de la personne dans votre presse-papiers. Du bonheur.
C’est extrêmement pratique, mais presque pas étonnant quand on sait que le fondateur de Superhuman est aussi celui de feu Rapportive.
SuperCalendrier
La sidebar ne sert pas qu’à afficher des infos sur vos interlocuteurs. Quand vous écrivez un e-mail, à chaque fois que vous évoquez une date (par exemple en tapant un jour de la semaine ou quelque chose comme tomorrow
), elle affiche le planning de votre calendrier ce jour-là. Instantanément.
mon
, ça m’affiche le calendrier. 😅 Problème de français.C’est incroyablement plaisant quand on cherche à planifier un rendez-vous, par exemple. Les agendas qui s’affichent correspondent à ceux des comptes Google que vous avez connectés à Superhuman. Je ne l’avais pas encore précisé, mais l’app ne fonctionne pour l’instant qu’avec les adresses Gmail ou G Suite. Quand on voit ce genre de fonctionnalité, on comprend pourquoi.
SuperDifféré
Comme pas mal de clients mail sympathiques, Superhuman vous permet d’envoyer vos e-mails en différé. Un ⌘⇧L suffit pour retarder l’envoi à la date de son choix — de préférence à un moment idéal pour le destinataire.
SuperTracking
Superhuman fournit plein d’informations utiles sur l’ouverture de vos e-mails envoyés :
On peut savoir à quelle heure le destinataire l’a ouvert, combien de fois, sur quel type de machine (ordinateur ou téléphone), et même avoir une estimation de sa localisation. Quand vous attendez la réponse de quelqu’un, ce sont forcément des informations qui vous intéressent.
Cette fonctionnalité a fait l’objet d’un petit scandale à l’été 2019 — l’affichage de la localisation de son interlocuteur (!) étant difficilement défendable en termes de respect de la vie privée. L’information de localisation a rapidement été supprimée, et j’ai trouvé la réaction du CEO plutôt bonne.
SuperCitations
L’interface d’écriture de Superhuman — l’endroit où vous tapez concrètement vos e-mails — est très agréable. Comme tout le reste de l’application, c’est minimaliste, net et sans bavure.
Dans toute composition d’e-mail, il y a une fonctionnalité qui me tient particulièrement à cœur puisqu’elle m’est essentielle pour structurer correctement mes réponses : la gestion des citations.
Ça doit être à cause de mon background de service client, mais j’ai toujours besoin d’agencer mes e-mails en fonction de ce que mon interlocuteur a écrit précédemment. C’est idéal pour séparer visuellement les réponses à ses différentes questions, par exemple. Je trouve que ça clarifie énormément la lecture des e-mails.
Malheureusement, peu de clients mail gèrent correctement les citations, et je me suis souvent retrouvé à citer des passages au format Markdown (avec >
devant la phrase à citer) sans que ce soit très bien traduit par les différents clients. On comprend que je veux répondre à un point précis, mais ça n’est pas le top de l’élégance. C’est un des points qui me faisaient parfois revenir sur la web app de Gmail (qui s’en sort plutôt bien avec les citations) plutôt que sur mon client mail en local.
Sans surprise, Superhuman gère parfaitement les citations, avec évidemment un raccourci clavier qui va bien (⌘⇧9).
Tous les ingrédients sont là pour donner de la clarté à vos discussions par e-mail. En août 2020, ils ont même rendu ça encore plus fluide. Il suffit de sélectionner la partie qu’on souhaite citer, puis d’appuyer sur Entrée ⏎ pour y répondre dans la foulée :
SuperLiens
Chaque conversation dispose d’une URL unique, qui vous permettra de pointer vers un e-mail précis depuis n’importe où. Par exemple depuis vos notes ou autres bases de connaissances personnelles.
Rien de nouveau par rapport à Gmail, mais ça méritait bien quelques mots. Ces liens m’évitent régulièrement de lancer des recherches parmi mes e-mails.
SuperRecherche
La recherche, justement. Il était temps d’en parler. Je crois que c’est l’endroit de l’app où le « blazing fast » est le plus mérité.
Quel bonheur de trouver ce qu’on cherche aussi rapidement ! Mes e-mails étant un peu la colonne vertébrale numérique de ce qui m’arrive au quotidien, leur archivage est fondamental. Je ne m’en suis rendu compte qu’au bout de plusieurs (dizaines d’) années de vie numérique.
Et une fois de plus, c’est la recherche qui sera le point de départ de nombreuses tâches, réflexions ou projets. Je suis donc bien content que celle de Superhuman soit aussi efficace.
SuperDéconnexion
Superhuman fonctionne hors-ligne. Pas besoin d’une connexion Internet pour commencer à faire le ménage dans votre boîte de réception (ni même pour faire des recherches !). Si vous envoyez des e-mails, ils attendront sagement que vous retrouviez une connexion Internet pour partir.
Dans mes pensées analogues, j’attends avec impatience une fonctionnalité « Inbox Pause ». D’après un échange avec leur équipe, c’est en cours de développement. D’ici là, rien ne m’empêche de couper le wifi pour stopper le flux entrant. 😅
SuperOuverture
La plupart des e-mails qu’on reçoit contiennent des liens. Superhuman permet de passer de l’un à l’autre avec la touche ⇥ Tab. On peut aussi faire ⌘O pour afficher la liste de liens qui se trouvent dans un e-mail (on peut même alors chercher dedans !).
SuperDestinataires
Je suis sûr que vous êtes déjà tombé sur un e-mail qui commence par « J’ajoute Jean-Michel dans la boucle », ou autre tournure du style. Superhuman vous permet non seulement de le dire, mais d’ajouter ou de supprimer directement les destinataires à vos e-mails, avec de simples opérateurs du type +
, @
ou -
. Démo :
Comme vous le pouvez le voir dans ce gif, Superhuman intègre aussi les émojis. Je m’en sers le plus souvent par le biais d’Alfred, mais c’est toujours bon à prendre.
SuperCopie
Allez, une dernière fonctionnalité pour la route : la copie instantanée. Il vous est sans doute déjà arrivé de copier/coller un e-mail pour le partager ailleurs (sur Slack ou Notion, par exemple), de façon plus flexible qu’avec un transfert d’e-mail. Ça implique généralement une sélection plus ou moins pénible à la souris.
Comme toujours avec Superhuman, il suffit d’un raccourci clavier pour que tout soit exécuté proprement :
La définition du product-market-fit
Après avoir exploré toutes ces fonctionnalités et passé du temps sur le logiciel au quotidien, tout s’est éclairé. J’ai enfin compris pourquoi l’accès à Superhuman était aussi compliqué. Ce produit s’adresse à une niche qui ne cesse d’être affinée par ses concepteurs, pour améliorer une expérience client déjà prodigieuse.
Tout est devenu encore plus limpide lorsque je suis tombé sur ce fantastique article du CEO :
↑ Le meilleur article que j’ai lu sur le product-market-fit. Dans la même veine, je vous recommande chaudement cette interview de Rahul Vohra chez Jason Calacanis.
En faisant payer un client mail trente dollars par mois, on réduit déjà sa cible de manière considérable. Mais quand l’accès est rendu difficile à ce point, y compris pour les gens qui sont impatients de donner leur argent, on comprend que Superhuman ne veut pas chercher à élargir sa cible tant que le produit n’a pas atteint un niveau de qualité ahurissant.
Alors certes, la demande organique est tellement énorme (je ne vous refais pas l’histoire des 2 ans d’attente et de la file d’attente de 80 000 personnes, tout ça sans la moindre campagne de communication) qu’ils peuvent se le permettre. Mais tout de même, d’un point de vue purement business, je trouve cette stratégie absolument brillante. Combien de start-up n’auraient jamais résisté à cette tentation de la CROISSANCE (surtout quand elle se bouscule autant au portillon), au détriment de la qualité de l’application ? Honnêtement, pas beaucoup. Surtout pas en cette période de course à l’hypercroissance™ chez toutes les start-up à la mode.
Mais Rahul et son équipe ne font pas les choses comme tout le monde. Il suffit d’utiliser le produit pour comprendre que le souci du détail est complètement hors du commun. Leur wall of love est plutôt explicite.
SuperConclusion
Je le redis une fois de plus : je ne pensais pas être prêt à mettre plusieurs dizaines d’euros par mois dans un client mail. Qui n’est même pas encore dispo sur Android (même s’ils semblent avoir commencé à y travailler), de surcroît. Et pourtant, je les paye maintenant avec grand plaisir. Je n’avais pas conscience des gains de productivité (et de bien-être au quotidien) qu’il m’était encore possible d’obtenir dans la gestion de mes e-mails. J’ai même presque songé à passer sur iOS pour profiter de Superhuman en mobilité, alors que je suis sous Android depuis 2009. C’est dire.
Avec son ciblage intelligent (plus qu’élitiste) et son approche didactique centrée sur les raccourcis clavier, Superhuman vous plonge dans un flow d’exécution extrêmement efficace pour atteindre l’inbox zero plus vite que vous ne l’auriez jamais imaginé. Mais outre sa vitesse (la règle des 100 millisecondes !), ce sont peut-être ses vertus pédagogiques sur la productivité qui m’ont le plus impressionné.
Superhuman est un travail d’orfèvre. Tout a été pensé, dans les moindres détails, pour vous faire gagner du temps. C’est une merveille d’utilisation qui se place très haut dans mon estime, au panthéon des applications les plus qualitatives que j’ai utilisées dans ma vie. Sentir une équipe aussi concernée par la qualité de son produit est une délicieuse source de plaisir en soi. Je leur tire mon chapeau. 👏
Si vous êtes prêt à mettre trente dollars par mois dans un client mail, vous pouvez toujours m’envoyer un e-mail pour que je vous parraine. Vous connaissez le périple, maintenant. Je trouve qu’il en vaut la peine.
- Superhuman (macOS, iOS) • https://superhuman.com
- Client mail.
- J’utilise depuis 2018.
- Alternatives : Airmail, Spark, HEY, Polymail, Shortwave, Mimestream, Canary Mail, DejaLu, Postbox, MailMate, Unibox, Mailspring, Edison…
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🙏 Merci pour votre lecture
Je sais que votre attention a beaucoup de valeur, dans ce monde où ceux qui essaient de la capter sont de plus en plus nombreux. Votre temps, lui, n’est pas extensible, alors ça me touche d’autant plus.
Si mes textes vous ont apporté quelque chose et que vous aimeriez rendre la pareille, le mieux est d’en parler autour de vous. Si vous êtes conscient du temps que ça représente, vous pouvez aussi m’offrir un thé.
💬 Commentaires et contributions
La transmission est souvent synonyme d’amélioration. Je partage mes façons de travailler pour que n’importe qui puisse me dire des choses comme : « Hey, c’est pas du tout optimisé ton truc là ! Pourquoi tu n’utilises pas plutôt cet outil ? »
L’optimisation est un chemin sans fin. On trouve toujours des moyens pour être plus efficace. Si quelque chose ne vous semble pas optimal, expliquez-moi comment je pourrais m’améliorer. 💙
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