L’obsession du service client est sorti le 3 octobre 2018, ce qui veut dire qu’il fête aujourd’hui ses cinq ans. Ne me remerciez pas pour le coup de vieux, c’est totalement gratuit.
Je ne suis pas un adepte des anniversaires et autres marronniers journalistiques superficiels, mais ils me servent parfois de prétexte médiocre pour raconter des choses peut-être pas si inintéressantes. Quand on préfère la discrétion à la mise en avant exacerbée, on se débrouille comme on peut. Je vais donc profiter de cet anniversaire futile pour répondre à une question qui revient souvent :
Alors, il s’est bien vendu ton bouquin ?
C’est vrai que je n’avais encore jamais pris le temps de le faire — du moins pas sur ce site. Mais comme je vis dans un monde où ce qui n’est pas écrit n’existe pas, c’est tout comme.
Il me reste donc quelques minutes pour finir cet article, dont le seul intérêt sera d’être publié le 3 octobre 2023. J’avais publié mon article sur le service client un an jour pour jour après ma conférence éponyme, et ça a changé pas mal de choses dans ma vie. Il y a maintenant une superstition frivole à entretenir, vous comprenez.
Un best-seller fait moins d’audience que des milliers de YouTubeurs au RSA
En bon enfant du web, je n’avais aucune idée des ordres de grandeur des ventes de livres. Et il ne faut pas compter sur cette industrie pour apporter de la transparence sur les chiffres de ventes, qui ne servent au mieux que d’argument marketing contestable. Mon seul référentiel était mon article de blog, publié à l’époque sur Medium, qui m’annonçait un peu plus de 60 000 lectures.
Dans le monde des livres, beaucoup n’hésitent pas à qualifier de best-seller un ouvrage qui s’est vendu à « seulement » quelques milliers d’exemplaires. On est loin des chiffres mirobolants des YouTubeurs à succès, ou autres créateurs de contenu dont l’audience est parfois gigantesque, mais incapable de dépenser vingt balles pour accéder à des centaines d’heures de savoir minutieusement distillé. Les ordres de grandeur n’ont donc rien à voir, c’est important de le savoir.
Alors L’obsession du service client est-il un best-seller ? Voyons voir.
Chiffres de ventes de mon livre
Tous les ans vers février/mars, je reçois un « relevé de droits d’auteur » que mon éditeur a péniblement réussi à arrêter de m’envoyer par courrier, quand je lui ai dit que la version PDF me suffisait. Je n’ai pas osé leur parler d’une interface web qui permettrait de consulter les ventes en temps réel ; voulant sans doute éviter qu’ils fassent une syncope en imaginant la taille du chantier technologique par lequel ils devraient passer pour en arriver là.
Tout ça pour dire que je n’ai les chiffres que jusqu’à fin 2022. Les voici :
Année | Ventes (papier) | % papier | Ventes (numérique) | % numérique | Total |
2018 (3 oct.→ 31 déc.) | 1 658 | 85 % | 293 | 15 % | 1 951 |
2019 | 1 769 | 91 % | 166 | 9 % | 1 935 |
2020 | 1 228 | 84 % | 233 | 16 % | 1 461 |
2021 | 818 | 80 % | 200 | 20 % | 1 018 |
2022 | 697 | 85 % | 127 | 15 % | 824 |
Total | 6 170 | 86 % | 1 019 | 14 % | 7 189 |
En plus visuel :
On a donc dépassé les 7000 livres vendus. Est-ce que c’est beaucoup ? Je ne sais pas. C’est sans doute 1000 fois moins (?) que Delivering Happiness, mais c’est aussi 184 fois plus qu’un livre de Christine Boutin. Chacun ses accomplissements.
On a surtout dépassé toutes les espérances de ce travailleur du numérique qui était timidement venu enfoncer les portes ouvertes d’un sujet qui n’intéressait personne, lors d’une conférence pour startupeur de l’été 2016. J’étais content de mes slides, mais de là à imaginer que ce que je raconte allait finir dans un livre acheté par plus de 7000 personnes… J’étais loin du compte.
Même si la chute inexorable de ventes a commencé (et qu’elle risque de définitivement s’accentuer en 2023), je trouve que la « longue traîne » est surprenamment bonne ! Je n’aurais jamais pensé écouler plus de 800 exemplaires pendant la quatrième année. Si vous voulez mon avis, ceux qu’on appelle les long-sellers ont peut-être encore plus de mérite que les best-sellers. Je ne prétends pas avoir publié un long-seller, mais j’ai clairement écrit ce livre avec la volonté que ses principes restent valables aussi longtemps que possible.
Et avec le recul, je suis plutôt content de cet aspect. En le relisant cinq ans après sa sortie, mes pulsions de mise à jour de mes écrits ont été quasiment absentes, alors que c’est plutôt un sport national chez moi. Certaines choses ont bien sûr évolué, mais le contenu de ce livre est toujours d’actualité.
Mon éditeur me demande tous les ans si je veux écrire une nouvelle édition, ce que je ne pourrai pas m’empêcher de voir comme un aveu d’échec sur la pertinence du contenu de ce bouquin. Je suis persuadé que ce livre est toujours pertinent aujourd’hui, surtout si vous travaillez sur un service numérique en B2C. Je ne suis évidemment pas objectif, mais j’ai quelques preuves pour appuyer mes propos.
Le point grisbi
OK, et ça t’a rapporté combien ?
Autre question qu’on me pose souvent car comme vous le savez, le fantasme des rEvEnUs PaSsiFs n’a jamais autant été à la mode. Si c’est ce qui vous intéresse, ne vous lancez jamais dans l’écriture d’un livre, car c’est probablement une des activités les moins rentables qui existent. Faites-le pour vous, pour structurer votre pensée, pourquoi pas la faire connaître et peut-être vous ouvrir des portes, mais surtout pas pour gagner de l’argent.
Pour vous donner une idée, je gagne environ 1 € par livre vendu. Le rapport au temps passé (cinq ans d’expérience professionnelle à temps plein + quelques mois d’écriture) est donc très mauvais, même si j’en avais vendu dix fois plus.
J’admets que si je m’étais autoédité sur Amazon KDP (ce qui permet notamment de toucher environ 60 % de droits d’auteur, contre 8 % chez mon éditeur traditionnel), la question aurait peut-être été différente. Mais comme je n’aurais pas écrit ce livre si mon éditeur n’était pas venu me chercher, la question ne s’est pas vraiment posée dans mon cas. Et ça tombe bien, car je n’ai pas écrit ce livre pour toucher des droits d’auteur.
Ce livre ne m’a pas rendu riche sur le plan financier, mais il m’a considérablement enrichi personnellement. Il m’a permis de rencontrer des gens que je n’aurais jamais pu rencontrer autrement, et m’a ouvert la porte de projets passionnants. C’est bien ce que je retiendrai de ces cinq ans.
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