Calendrier, tâches, e-mails. C’est le triptyque incontournable des outils de productivité. Dès lors qu’on doit s’organiser, il est difficile de passer outre ces trois piliers. Les outils afférents font certainement partie de ceux sur lesquels nous passons le plus de temps.
Après vous avoir détaillé l’utilisation de mon client mail et de mon gestionnaire de tâches, il fallait bien que je me décide à vous parler de mon calendrier. Ma véritable solution n’est autre que Google Agenda, que j’utilise depuis bientôt 15 ans (!). Mais ce n’est même pas l’objet de cet article, qui ne sera finalement consacré qu’à la surcouche logicielle avec laquelle j’interagis le plus pour utiliser mon calendrier : Fantastical.
R.I.P. Sunrise
J’ai commencé à jouer avec Fantastical vers 2012, avant de tomber amoureux de Sunrise l’année suivante. J’ai quand même dû attendre le 29 mai 2014 pour que Sunrise — uniquement sur iOS au départ — débarque sur desktop et Android. Ce n’est qu’à partir de là que j’ai pu apprécier leur merveilleuse interface dans ses moindres détails.
L’histoire d’amour n’aura malheureusement pas duré bien longtemps — à l’échelle d’une app aussi centrale dans nos vies que le calendrier, tout du moins. Vous connaissez sans doute la suite : en 2015, Sunrise se fait racheter 100 millions de dollars par Microsoft, signant ainsi l’arrêt de mort de ce qui était devenu la meilleure application de calendrier du marché. Le produit est resté au point mort pendant un an, avant qu’ils ne ferment définitivement les serveurs en 2016.
Sunrise était tellement en avance que même avec le développement qui s’arrête net, j’ai continué à utiliser l’app pendant plusieurs mois. Mais plutôt que d’attendre le dernier moment, je me suis dit qu’il fallait faire mon deuil et préparer l’après-Sunrise sans trop m’apitoyer sur son triste sort.
Fin 2015, je suis donc retourné sur Fantastical (pour le desktop) et sur l’app Android de Google Agenda (pour le mobile).
May the sun rise again — Retour à Fantastical
Comme tout le monde, j’ai eu un peu de mal à digérer la mort de Sunrise. Peut-être pas au point d’en construire une alternative, mais quand même. Passé la période de deuil, je me suis rendu compte que Sunrise n’avait finalement pas tant d’avance que ça sur le vénérable Fantastical, qui venait alors de lancer sa version 2.0.
Et sur mobile, l’app Android de Google Agenda était devenue tout à fait satisfaisante.
La promesse du langage naturel
Fantastical est principalement connu pour sa prise en charge du « langage naturel ». Dans l’idée, il vous permet d’ajouter des événements dans votre calendrier en tapant une seule ligne de texte, sans même toucher à votre souris.
En théorie, il est possible de saisir tous les champs habituels d’un événement (intitulé, date de début, date de fin, lieu, calendrier spécifique, alerte, récurrence, etc.) en tapant une simple phrase dans un champ unique, s’approchant ainsi du fameux langage naturel.
Sur le papier, ça ressemble à une fonctionnalité géniale pour réduire la friction au moment d’ajouter un événement dans son calendrier.
Quand on y réfléchit, la réduction de cette friction est peut-être la solution idéale au problème des rendez-vous manqués ou oubliés. La plupart du temps, le drame aurait pu être évité si vous n’aviez pas eu la flemme d’ajouter l’information dans votre calendrier sur-le-champ. Plus l’ajout est facile et rapide, et moins on oubliera de rendez-vous.
Ajouter un événement dans son calendrier
Si vous avez déjà traîné sur ce site, vous imaginez bien que je suis la cible idéale d’une telle fonctionnalité. C’est l’efficience de la saisie rapide au clavier qui me remplit d’amour pour des outils comme Alfred ou Superhuman.
Et pourtant… Bon. C’est l’heure du scoop : je n’aime pas utiliser le langage naturel pour ajouter du contenu dans mon calendrier. Ça paraît bizarre, je sais. Mais c’est un des rares trucs où je préfère utiliser ma souris. L’avantage d’écrire cet article, c’est qu’il me permet de réfléchir à la raison profonde qui explique ce comportement — et de voir s’il est vraiment justifié. Voici donc ma tentative d’explication.
Au moment de résoudre ce problème précis (décider quand je place un événement), je pense que la saisie au clavier ne m’apporte pas suffisamment de contexte pour prendre la bonne décision. J’ai besoin d’avoir la vue « semaine » de mon calendrier pour prendre cette décision sereinement. Pour vous donner une idée, mon installation habituelle comporte 4 écrans, dont 1 qui ne sert quasiment qu’à afficher Fantastical en permanence. (Pour rester dans le thème de l’optimisation des micro-frictions, un coup d’œil sur ma gauche sera toujours plus rapide qu’un ⌘⇥Tab.)
Mais admettons que la décision du choix de la plage horaire ne demande aucune réflexion. Le problème, c’est que même sur la partie purement mécanique de l’ajout d’événement, je ne suis pas complètement satisfait par la prise en compte du langage naturel. Du moins, pas assez pour lui faire aveuglément confiance.
À y réfléchir, je pense que cette tâche est difficile à unifier dans un unique champ de texte, parce qu’il y a trop de paramètres :
- date de départ ;
- date de fin ;
- titre ;
- lieu ;
- calendrier(s) ;
- participants ;
- notes ;
- alerte ;
- récurrence éventuelle.
Compliqué d’envoyer autant de données avec une seule ligne de texte. Et le fait que je sois maladivement maniaque sur la justesse de remplissage de chacun de ces champs (en particulier dans ma langue natale) n’arrange certainement pas les choses.
Si vous suivez correctement ce modèle et que vous tapez tout en anglais, il est vrai que ça marche plutôt pas mal. Mais je trouve qu’on est encore loin d’une vraie prise en compte du langage naturel. Pour le coup, les assistants vocaux (au moins celui de Google) s’en sortent beaucoup mieux.
Parmi toutes ces données à transmettre, l’étape qui me semble cruciale pour expliquer mon comportement, c’est la sélection de plage (date de départ + heure de départ + date de fin + heure de fin). C’est souvent la première chose à faire quand on ajoute un événement. Or c’est justement l’action où la saisie au clavier est la plus inefficace par rapport à la souris, selon moi.
Définir une plage horaire avec des mots me paraît toujours plus lent et pénible que de positionner mon curseur au bon endroit de mon calendrier. La sélection de plage à la souris permet également de mieux analyser les événements adjacents.
Une fois n’est pas coutume, cela fait donc partie de ces tâches où la souris me semble plus efficace que le clavier. En tout cas, c’est mon réflexe actuel. Peut-être qu’il est mauvais, peut-être que ça changera, mais pour l’instant je n’arrive pas à m’en défaire. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de tirer parti du langage naturel de Fantastical.
Le haut du panier
Pourquoi payer pour Fantastical, ou même pour une app de calendrier ? Je pourrais très bien n’utiliser que la version web de Google Agenda, qui s’est beaucoup améliorée ces dernières années. J’ai d’ailleurs l’impression que c’est ce que font la plupart des gens. Mais je trouve toujours un intérêt à gérer mon calendrier dans une application desktop, ne serait-ce que pour mieux la différencier d’un énième onglet de navigateur. Fantastical est une des rares applications à trôner sur mon Dock en permanence, et qui a le droit de m’afficher des notifications.
Outre son intégration à macOS (forcément plus élégante qu’une application web), elle apporte aussi quelques fonctionnalités bien pratiques comme les jeux de calendrier. Ces derniers permettent de configurer l’affichage de certains agendas uniquement (en choisissant ceux que vous masquez et ceux que vous affichez), sans avoir à casser/reconstruire votre visualisation habituelle.
Si vous synchronisez plusieurs comptes ou calendriers (typiquement : compte Google perso + compte Google Workspace professionnel), ça peut vite devenir indispensable. C’est un bon exemple de truc qui manque à Google Agenda, et que Fantastical enrichit parfaitement.
Fantastical 3 et le passage au modèle d’abonnement
Fantastical a longtemps fonctionné sur le modèle de facturation historique des logiciels : une licence de quelques dizaines d’euros pour chaque nouvelle « grosse » version de son produit, qu’on peut ensuite garder à vie. J’avais payé 50 € pour Fantastical 2 en 2015, sans jamais repasser à la caisse depuis. Ça me paraît très bon marché pour un logiciel que j’utilise tous les jours, surtout quand il est aussi bien conçu.
En début d’année 2020, l’arrivée de Fantastical 3 a marqué la transition de Flexibits vers le controversé modèle d’abonnement, plus ou moins devenu la norme ces dernières années. Il y a maintenant une version gratuite, mais elle est amputée de la plupart des nouveautés de la version 3. L’abonnement s’élève à 5,50 € par mois (ou 3,67 € si vous payez à l’année), ce qui a forcément du mal à passer auprès des plus réfractaires au modèle.
Ceux qui avaient payé pour Fantastical 2 peuvent continuer à s’en servir, conservant ainsi l’accès aux fonctionnalités « historiques ». N’ayant pas spécialement besoin des fonctionnalités de la version 3, c’est ce que j’ai décidé de faire.
Mon calendrier favori sur macOS
Il y a un certain paradoxe à utiliser Fantastical alors que je n’ai pas grand-chose à faire de la fonctionnalité qui l’a rendu célèbre (le langage naturel pour ajouter des événements). D’autant que je ne suis pas non plus intéressé par sa version mobile (je suis sur Android).
C’est plutôt une question de design général, de soin apporté à l’application. Sans atteindre le souci du détail de feu Sunrise, je trouve Fantastical bien supérieur aux autres applications de calendrier sur macOS. Mine de rien, il n’y a pas beaucoup d’applis que j’utilise tous les jours depuis si longtemps.
- Fantastical (macOS, iOS) • https://flexibits.com/fantastical
- Calendrier.
- J’utilise depuis 2015.
- Alternatives : Cron, Woven, BoxySuite, Apple Calendar, BusyCal, Kin, Calendar 366.
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